Il y a quelques jours surTwitter circulait l'info d'un dérapage survenu aux Grandes Gueules de RMC, jeudi 21 janvier. Des propos d'une rare violence auraient été prononcés contre Nafissatou Diallo qui venait de recevoir 1M5$ en dédommagement du 'nouveau pauvre' DSK. Franchement, Sophie de Menthon et Franck Tanguy, je n'en avais jamais entendu parler. Pour moi, Les Grandes Gueules ne sont qu'une pâle copie des indétrônables Grosses têtes de Philippe Bouvard. Et j'ai depuis longtemps coupé court à la seule minute d'écoute des 'GG' sur RMC qui fut une torture à mon entendement progressiste. La tête de Sophie de Menthon me disait vaguement quelque chose pour l'avoir vue certainement dans un quelconque débat sans intérêt. Archivée dans un sous-fichier neurologique car balayée d'un coup de télécommande couperet, seule son image me restait mais sans le son de sa voix. Merci le buzz. J'en suis aujourd'hui saturée car outre d'avoir maintes fois écouté la bande-son en question, la PDG d'Ethic fait tous les plateaux accueillants pour essayer encore de sauver une crédibilité à mon sens inexistante. Quant à Franck Tanguy, rien. Pour moi inconnu hier il était, et demain le restera. Un autre vide abyssal.
Donc, les tweets étaient durs et chargeaient Sophie de Menthon et Franck Tanguy, deux chroniqueurs de l'émission d'Alain Marshall et Olivier Truchot. Priorité avant de lancer une réaction, vérifier, et ici en l'occurrence écouter. Le podcast n'apparaissait bizarrement plus sur le site de RMC. C'était sans compter sur Le Parisien qui fut l'un des premiers à relayer la bande sonore. Ce qui est intéressant, c'est le script littéral sur ce qui a été dit, intégral, pour qu'il n'y ait aucune zone d'ombre, aucun doute à avoir. Car les extraits cités un peu partout cachent beaucoup de choses.
Dès la première écoute, le déchaînement machiste, misogyne et quasi-raciste entre cette petite bande insignifiante et décadente est d'une grande violence à écouter. Alain Marshall, l'animateur, n'a pas vraiment soutenu l'avocate Marie-Anne Soubré qui a tout de suite compris le dérapage et la gravité des mots prononcés. Le buzz l'intéressait-il avant tout ? Où sont ses limites ? Existent-elles ? Lui-même n'est-il pas coutumier sur BFMTV de provoquer des échanges tendus ? Mais comment peut-on encore de nos jours entendre de telles insinuations infamantes de la bouche d'une Sophie de Menthon à petite notoriété et d'un Franck Tanguy, le duo s'exprimant en direct dans un cadre public, populaire, devant plus d'un million d'auditeurs. RMC n'a même pas présenté d'excuses !
Ces derniers jours, paniquée par l'ampleur du scandale, Sophie de Menthon répète à qui veut bien l'entendre, sur les divers plateaux TV, qu'elle ne comprend pas ce qu'on lui reproche et qu'elle se désolidarise des propos de Franck Tanguy alors que dans l'enregistrement et après avoir dégoupillé en intro sa miteuse grenade, elle le soutient d'un bout à l'autre, appuyant sans hésitation ses machistes remarques. Deux minables et lamentables personnalités sans éthique (belle Ethic en effet !) qui bafouent tous les principes fondamentaux des Droits de l'Homme. Pour preuve, cet enregistrement crypté qui doit laisser sa trace. Vous constaterez que par écrit, les propos sont autrement violents. Décryptage mot à mot. C'est un peu long, mais il est intéressant d'aller jusqu'au bout. Début de l'enregistrement, Alain Marshall soulève la question de l'indemnité de Nafissatou Diallo dans l'affaire DSK, Discussion sur les honoraires et pourcentages des avocats américains et français.
Franck Tanguy :
- A combien tu le mets le viol ?
Sophie de Menthon, une connexion d'alerte clignote, la fait hésiter :
- Tu veux que je sois politiquement totalement incorrecte ? Je me demande, je sais pas... et c'est peut-être épouvantable de dire ça !... (sur Nafissatou Diallo) Elle a dit que c'est une chance pour sa fille, elle a touché de l'argent parce qu'elle a été accusée de prostituée par un journal américain qui a été obligé de payer, et ça, ça lui a fait déjà de l'argent, et, je me demande, c'est horrible à dire... si c'est pas ce qui lui est arrivé de mieux !
Réaction dans le groupe :
- Ahhh ! Et bien effectivement...
Sophie de Menthon :
- Je finis parce que je voudrais pas que ça reste pile comme ça cette phrase... je dis, je dis que...
Frank Tanguy :
- Je suis pas loin de penser la même chose Sophie ! Je me suis fait la réflexion hier.
Sophie de Menthon :
- Mais je dis que, il y a un moment où elle est ressortie de cette chambre d'hôtel, ok, tu dis toi-même (à Marie-Anne Soubré) que personne ne saura jamais ce qui s'est passé, moi je pense que l'argent qu'elle a gagné qui lui permet d'élever sa fille, elle l'aurait jamais eu dans toute son existence et que j'espère qu'elle oubliera ce moment extrêmement désagréable.
Alain Marshall :
- Alors, DSK est un bienfaiteur !
Sophie de Menthon :
- Non mais... Il y a un moment où si tu veux, il y a un délire, il y a des gens, il y a des femmes dans la rue... je suis sûre qu'elles ont pensé ça, en se disant, mais j'aimerais moi être femme de chambre dans un hôtel, que ça m'arrive.
Marie-Anne Soubré :
- Sophie ! Juste un mot, on ne peut pas admettre ça ! On ne peut pas dire, c'est impossible de dire, 'ah ça serait tellement génial de se faire violer pour avoir'...
Sophie de Menthon :
- Mais arrête ! J'ai pas dit ça comme ça du tout ! Non... non... non...
Marie-Anne Soubré :
- C'est exactement ce que tu viens de dire Sophie !
Sophie de Menthon :
- Non ! Non ! J'ai pas dit ça comme ça ! Je me demande si ce n'est pas une chance d'avoir touché une somme pareille dans la vie qu'elle avait...
Alain Marshall :
- Si ! Tu dis que c'est une chance pour elle !
Marie-Anne Soubré :
- Il n'y a pas de prix d'un viol !
Sophie de Menthon agacée :
- Oui... Marie-Anne ! D'accord, d'accord, sauf que ce n'est pas non plus totalement un viol, arrête !
Franck Tanguy :
- Sauf qu'on sait pas si il y a eu viol.
Alain Marshall :
- Il s'est bien passé quelque chose sinon elle n'aurait pas 1M5$ !
(Ils parlent rapidement de la notion du viol sur l'échelle française par rapport à l'américaine qui est plus élevée.)
Franck Tanguy :
- Ce qui est indicateur de quelque chose finalement de relativement anodin qui se serait passé dans cette chambre d'hôtel et que DSK aurait payé histoire d'être tranquille en sachant que par derrière ça, il est tout à fait à même de collecter cet argent en conférences diverses. Finalement, 1M5$ pour lui c'est peut-être beaucoup d'argent.
Sophie de Menton :
- Ce qui me rassure beaucoup parce que je trouvais scandaleux que ce soit Anne Sinclair qui soit obligée de payer !
Alain Marshall :
- Ils sont toujours mariés !
Sophie de Menthon :
- Et alors ! C'est pas son bien !
Marie-Anne Soubré :
- Juste un mot. Je peux être d'accord par rapport à ce que vous dites sur DSK et Nafissatou mais on ne peut pas dire qu'être violée est une chance !
Sophie de Menthon :
- Je n'ai jamais dit ça !
Franck Tanguy à Marie-Anne Soubré :
- Le destin de cette femme il y a un an, c'était une femme de ménage qui gagnait 1000 euros, pardonne-moi, c'est un conte de fée ! Elle avait menti pour rentrer dans ce pays, elle a changé toute sa vie !
Alain Marshall :
- Tu es en train de dire que c'est un conte de fée, c'est 'Pretty woman' quoi pour toi !
Franck Tanguy :
- Non, c'est pas Pretty woman ! C'est Très 'Moche woman' ! En l'espèce c'est quand même un tromblon extraordinaire ! Elle a rien pour elle ! Elle sait pas lire et écrire ! Elle est moche comme un cul ! Et elle gagne 1M5$ ! Enfin, c'est quand même extraordinaire cette histoire !
Marie-Anne Soubré :
- Si vraiment elle s'est fait violer et on ne le saura jamais, donc qu'elle se soit fait violer ou pas on n'en sait rien, mais, si on considère qu'elle a été victime d'un viol ou d'une agression sexuelle on ne peut pas dire que c'est un conte de fée !
Sophie de Menthon :
- C'est une agression sexuelle, ce n'est pas un viol ! On n'a pas compris jusqu'où était allée cette agression, apparemment le tribunal non plus n'a pas compris aussi, enfin... il y a quand même eu des indices qui étaient euh... inappropriés ! Le procureur n'a pas eu le courage d'aller jusqu'au bout ! On le sait maintenant aujourd'hui !
Franck Tanguy :
- Nafissatou Diallo c'est d'abord une menteuse ! Elle racontait des histoires !
Sophie de Menthon le soutient :
- Et voilà ! Voilà ! Exactement ! Nous remettons les choses à leur place !
Marie-Anne Soubré :
- Mais Franck... Tu te rends compte de la misogynie de tes propos !
Franck Tanguy :
- Tout le monde ne pense pas comme toi...
Sophie de Menthon :
- Il y a beaucoup de gens qui pensent comme nous !
Marie-Anne Soubré :
- Tu es en train de dire, finalement, qu'une femme laide devrait remercier d'avoir été violée parce que personne ne l'aurait touchée !
Sophie de Menthon :
- Elle est en train de nous faire un numéro à la barre là !
Voix d'homme :
- Mais c'est ce qu'il a dit !
Sophie de Menthon :
- Non ! Il a pas dit ça !
Franck Tanguy :
- Si elle avait su lire et écrire, si elle avait été jolie, mais elle avait dans son jeu beaucoup moins d'atouts pour transformer sa vie et sa vie se trouve transformée de A à Z !
Marie-Anne Soubré, désabusée :
- Quelle chance alors...
Arrêt de l'enregistrement. Reprise avec la saine et calme réaction de l'auditeur Philippe, commercial en Indre-et-Loire :
Alain Marshall :
- Philippe bonjour. Vous vouliez reprendre de volée Franck Tanguy lors de sa tirade sur Nafissatou Diallo...
Philippe :
- Je vais essayer de rester poli, il faut rester poli dans les 'GG'. Je voulais dire à Franck Tanguy, on le connaît hyper-sourcilleux pour tout ce qui concerne les attaques contre les homosexuels, il en est un des militants actifs, et puis les 'GG' lui font disposer d'une tribune libre pour cela, mais quand il s'agit d'une femme qu'il définit comme laide, moche, simple femme de chambre pas intello, et puis avec quelques relents de sous-entendus... Il prétend que c'est une immense chance d'avoir été violée par Strauss-khan et que ça va changer sa vie. C'est vraiment lamentable ! Je vais employer le mot de Jean-Marc Ayrault, 'minable' ! J'espère qu'il va faire amende honorable et puis Sophie aussi, qui en tant que femme qu'on a entendu pendant l'affaire Diallo qui disait qu'elle aussi avait été victime de tentatives de baisers forcés, qui entre aussi dans ce jeu, vraiment c'est déplorable... Et ce qui est paradoxal, c'est que quelques minutes après il dit qu'il est choqué, je le cite, par l'inégalité des droits quand on est rentré sur les problèmes de la PMA. Je suis plus choqué par l'inégalité de sa considération humaine quand il s'agit d'une femme violée !
Franck Tanguy :
- Il n'empêche que si objectivement, si vous regardez les chances de Nafissatou Diallo dans la vie qui étaient parfaitement nulles, je vous rappelle qu'elle ne sait pas lire et écrire, elle est rentrée dans un pays car elle en avait la nécessité en mentant et elle se retrouve au bout de quelques années avec un événement dont on ne connaît pas la nature, qui a été très difficile à vivre pour elle et qui se retrouve à avoir sa vie complètement modifiée, moi je veux bien, certainement j'ai dit des choses excessives...
Philippe :
- Mais c'est ignoble car vous ne vous amendez pas ! Vous comprenez ? Hier, je suivais le témoignage de ce Français survivant, il a caché sa personnalité car il était en situation de détresse. On ne va pas évidemment comparer une prise d'otage avec quelqu'un qui cherche à gagner sa vie mais dans la détresse elle a menti uniquement suite aux conditions d'entrée au pays. Depuis elle n'a été interpellée nulle part alors que Strauss-khan a été condamné sauf qu'on a dit qu'il y avait prescription, on connaît son passé ! Et là, vous êtes toujours en train de vous enfoncer, au moins reconnaitre que vous avez été odieux vis à vis de...
Franck Tanguy :
- Philippe ! Philippe !
Philippe :
- Mais vous savez qu'il y a un problème de la justice aux États-Unis, le problème de ceux qui n'ont pas d'argent et le problème noir. Je le dis, c'est une réalité, vous le savez, ça compte dans le verdict des États-Unis.
Franck Tanguy :
- Le dossier de Nafissatou Diallo n'est pas si blanc que ça. Les messages échangés entre elle et son ex-compagnon ! Elle disait qu'elle avait une maîtrise de la situation et qu'elle savait où elle allait !
Alain Marshall :
- Les messages ont été démentis.
Sophie de Menthon au secours de Franck Tanguy :
- Non ! Non ! Ils n'ont pas été démentis !
Philippe :
- Il fallait que l'on donne toute la conversation et pas que l'on enlève des minutes !
Franck Tanguy :
- Si vous voulez pas entendre que Nafissatou Diallo était partie dans la vie avec tout contre elle et que grâce à cette situation elle se retrouve avec sa vie qui a changé, tant pis ! On arrivera pas à se réconcilier là-dessus...
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Le 4 février, Jean-Jacques Bourdin, pour ne citer que lui, journaliste de RMC, intègre et 'libre' comme il se définit, déclarait fermement sur la chaîne D8 à Laurence Ferrari souhaiter le départ des deux chroniqueurs. Pour Sophie de Menthon, c'est fait. Il n'y a aucune raison pour que Franck Tanguy échappe à la même sanction d'autant plus que ses excuses à l'antenne de RMC ont été faites sans grande conviction. La gravité de tels propos relève du pénal. Il serait logique et souhaitable que des associations féministes osent enfin adopter une attitude autoritaire, sans détour, et assignent en justice les responsables d'un tel dérapage.
Ecoutez donc, ce 21 janvier 2013, You tube :