Le 12 janvier 2010, une vingtaine de secondes ont suffi pour réduire Port-au-Prince et sa région à l‘état de ruines. Douze mois après la situation reste plus que jamais préoccupante. Triste anniversaire, un an aujourd'hui. Il faut le dire clairement, Haïti a été abandonnée. Après le chaos, Hillary Clinton, secrétaire d'État américaine a reconnu avec une mine chagrinée certains problèmes : crise humanitaire, choléra, pauvreté, faiblesse du gouvernement, bref, rien pour perturber la quiétude du gouvernement américain. En fait, ce qu'Hillary Clinton aurait voulu dire au peuple haïtien, c'est ça :
"Haïtiens ! Vous êtes les parias du monde, un peuple de sans-abri et de sans-talents. Cessez de compter sur le BS international ! Si vous n'avez plus de ressources... Inventez-en ! Nous sommes fatigués de vous entendre vous plaindre depuis des lustres ! Bien sûr, Haïtiens, votre pays a été malmené par l'histoire à cause de la colonisation, des envahisseurs européens qui ont assujetti votre pays et vous ont menés au bord de l'esclavage, bien sûr, vos terres et vos richesses naturelles ont été pillées, vos fonds ont été spoliés sans vergogne par des dictateurs corrompus (qui sont maintenant réfugiés dans de luxueux châteaux sous la protection de pays complices), bien sûr les dirigeants que vous avez élus ont lamentablement failli à la tâche, comme ce prêtre sur qui vous fondiez tant d'espoir, le hideux Jean-Bertrand Aristide* pseudo homme de Dieu, mais à l'âme en dent de chien, aux mille et une ruses religieuses pour mieux vous endormir, pour mieux vous faire gober les juteux trafics des narcotiques. D'ailleurs, que fait-il votre grand Aristide en fuite que vous vénérez encore, qui dit vivre à Johannesburg mais qui réside en fait à Pretoria bien au chaud en Afrique du Sud, protégé et entretenu par le clément président Zuma ? Je vais vous le dire : Il enseigne dans une faculté et coule une vie pépère de jeune papa avec ses deux dernières filles qu'il veut absolument protéger de la méchante presse charognarde. Je sais, je sais, ce n'est pas facile ! Bien sûr vous vivez depuis dix mois dans la boue, bien sûr vous avez une criminalité galopante, bien sûr vous avez encaissé coup sur coup un séisme indescriptible, des inondations catastrophiques, une épidémie de choléra, de graves perturbations sociales, mais, vous ne pensez tout de même pas qu'au nom de la sacro-sainte autonomie des nations nous interviendrons dans vos élections présidentielles ? Ne rêvez pas ! Nous ne détournerons jamais une minime partie des fonds consacrés à nos milliers de tanks, d'avions et de véhicules militaires pour vous fournir quelques béliers mécaniques. Et puis, l'œuvre "humanitaire armée" de nos soldats en Iran et en Afghanistan ne peut être sacrifiée pour juguler vos petits problèmes d'eau, de santé, de criminalité ! Vous n'y pensez pas ! Quant à l'argent promis (8.75 milliards de dollars) qui vous revenait de droit, je fais mon possible pour contourner le Congrès mais la bureaucratie américaine est toujours lente à se mettre en branle et puis, euh... Vous avez déjà touché 15% n'est-ce pas ? Ne vous plaignez pas trop, ça commence à être indécent. Occupez-vous de votre politique inexistante, ça vous occupe, même si Préval ne pense qu'à reconstruire son palais... Faites-les vos élections puisque vous y tenez tant ! Qu'est-ce que ça changera, de toute façon ? RIEN."
Ce 12 janvier 2010 à 16h53mn heure locale, Andy Wyllie travaillant pour une ONG dans la capitale, sauve sa vie sans le savoir en sortant dans la rue pour avoir une meilleure réception de son portable. A quelques rues de là, l'hôtel Karibe où il réside avec sa famille. Vingt secondes plus tard, Laurence son épouse et ses deux fils, Baptiste, 4 ans, Evan, 7 ans, sont tous trois ensevelis dans les décombres. Andy retrouvera leurs corps une semaine après...
Bien sûr, Hillary Clinton était présente lors de la cérémonie d'inhumation à Washington.
A toi Andy. Tu n'es pas seul.
(Avec l'aide du texte de Victor Gravel Gatineau)
* : Notez le stylo Montblanc...